Dans une économie de marché, les entreprises sont au cœur du système productif. Toutes les politiques industrielles tendent à favoriser la création d’entreprise car cette dernière est considérée comme le meilleur moyen pour soutenir l’activité d’un pays et diminuer le chômage.

Toutes les études et démarches de l’entrepreneur pour aboutir à la création d’entreprise sont désignées sous le terme « entrepreneuriat« . La logique d’anticipation et d’innovation de l’entrepreneur dans sa recherche d’opportunités et sa prise de risques inhérentes au projet de création d’entreprise est qualifiée de « logique entrepreneuriale« .

L’entrepreneur

1. L’esprit d’entreprise

Tout entrepreneur est animé par un esprit d’entreprise qui va l’amener à rechercher de nouvelles opportunités sur le marché et à prendre des risques pour les saisir.

Notre compréhension de l’entrepreneur doit beaucoup aux travaux de l’économiste autrichien J. Schumpeter (1883-1950), qui a montré que ce dernier était au centre du développement économique car il était celui qui prenait des risques pour innover et donc pour créer de nouvelles opportunités sur le marché. Les innovations, en déstabilisant le marché, engendrent une destruction créatrice qui, selon l’économiste, permet le renouvellement du tissu productif et assure la croissance de l’économie à long terme.

Exemple : la mise sur le marché des smartphones a précipité le déclin des téléphones classiques mais a redonné un nouveau souffle au marché en créant une nouvelle demande (smartphones Android, Apple ou Windows Phone, tablettes…).

2. Les caractéristiques des entrepreneurs

Tous les entrepreneurs ne se ressemblent pas ; cependant, ils partagent certaines caractéristiques :

  • Dynamique et motivé, l’entrepreneur a un besoin de réalisation.
  • Indépendant, il n’aime pas se plier à l’autorité.
  • Intuitif, créatif et opportuniste, il cherche à innover.
  • Persévérant et travailleur, il se passionne pour son projet.

En conséquence, être un entrepreneur suppose d’avoir :

  • La capacité de repérer les opportunités et de réunir les ressources nécessaires pour les exploiter.
  • La volonté de prendre des risques pour concrétiser ses idées.
  • Les compétences pour bâtir un projet et le mener à bien.
  • La détermination nécessaire pour créer son propre emploi.

Exemple : on peut manifester son sens de l’entrepreneuriat en créant son entreprise comme Francis Bouygues ou en développant une entreprise familiale comme Édouard Michelin.

La création d’entreprise

L’entrepreneur ne sera reconnu comme tel que lorsque son projet de création d’entreprise aura abouti. Cependant, malgré les aides et les incitations, cela reste un projet risqué puisque, au bout de 5 ans, seules la moitié des entreprises créées sont toujours en activité et plus de 87 % d’entre elles n’ont pas de salarié.

1. Les différentes formes de création d’entreprise

On distingue deux types de création.

a) La création absolue ou pure

Cette création d’entreprise est l’expression la plus simple de l’entrepreneuriat. Elle désigne l’exploitation d’une activité nouvelle qui n’a jamais été exercée au même endroit par une autre entreprise.

b) La reprise

On parle de « création par reprise » lorsqu’il y a reprise de tout ou partie des moyens de production d’une autre entreprise ou rachat d’un fonds de commerce.

2. Le processus entrepreneurial

Compte tenu des aléas du projet entrepreneurial, il importe d’étudier avec soin son processus :

logique entrepreneuriale

a) L’émergence de l’idée innovante

Le projet de création d’entreprise démarre avec l’émergence de l’idée innovante chez l’entrepreneur. On distingue quatre grandes sources d’idées :

  • L’expérience : l’entrepreneur connaît déjà le secteur dans lequel il souhaite développer son projet pour y avoir travaillé ou l’avoir étudié.

Exemple : Aliza Jabès rachète au début des années l990 un petit laboratoire pour créer NUXE, la 1ère marque de soins beauté inspirés de la nature, vendue en pharmacies. Cette cheffe d’entreprise, lauréate en 2010 du prix Ernst & Young de l’entrepreneur de l’année et titulaire d’un MBA Marketing et Finances à l’université de New-York, est aidée par l’expérience de son père, chercheur en pharmacie, et celle de chercheurs passionnés et talentueux dont la mission est de dénicher des actifs naturels puissants.

  • L’observation : l’idée innovante résulte de l’analyse du marché et d’une observation attentive des nouveaux produits et concepts qui se développent dans d’autres pays.

Exemple : les sociétés de livraison de pizzas à domicile existaient depuis fort longtemps aux États-Unis quand Spizza 30 débuta son activité, pionnière en France en 1988.

  • L’opportunité : l’entrepreneur répond à un nouveau besoin des consommateurs lié à une évolution de l’environnement.

Exemple : une nouvelle législation entraîne la création d’un nouveau marché : le contrôle technique obligatoire des véhicules a généré de nombreuses opportunités de création de centres de contrôle.

  • L’innovation : elle peut prendre la forme de nouveaux produits, de nouvelles méthodes de production, de nouvelles formes d’organisation du travail ou de nouvelles matières premières.

Quelle que soit l’origine de l’idée, il faudra la valider au regard des compétences de l’entrepreneur et des caractéristiques de l’environnement de la future entreprise.

b) Le business plan

Afin d’élaborer son projet, l’entrepreneur va devoir réaliser un business plan (plan d’affaires). Celui-ci doit lui permettre de mesurer les risques liés au projet et d’en confirmer la viabilité, notamment dans le domaine financier. En outre, le business plan constitue un outil de communication indispensable face aux banquiers et aux investisseurs.

Le plan se construit en deux temps :

1- L’étude des opportunités du marché, ou étude de marché, permet :

  • De définir les caractéristiques des produits ou des services.
  • De préciser les besoins auxquels ils répondent.
  • De cerner la clientèle visée.
  • De fixer les prix de vente prévisionnels.
  • De choisir les modes de distribution et de communication les plus adaptés.
  • D’étudier la concurrence.
  • De choisir un lieu d’implantation.

À l’issue de l’étude de marché, l’entrepreneur doit être en meure de définir son plan de marchéage : politiques de produit, de prix, de communication et de distribution.

2- L’étude des besoins de financement, ou plan de financement : le plan de financement initial est la première étape de l’analyse financière. Il consiste à déterminer les besoins et les ressources initiaux de l’entreprise.

Le projet de création d’entreprise ne sera viable que si l’entrepreneur est en mesure d’équilibrer les besoins et les ressources pour démarrer son activité :

  • Frais d’établissement.
  • Investissements initiaux : terrains, locaux, matériel, véhicules, etc.
  • Besoins liés à l’exploitation : stocks, trésorerie, etc.
  • Apports du créateur.
  • Apports des associés ou actionnaires.

c) Le statut juridique et les options organisationnelles

Pour que l’entreprise puisse voir le jour en toute légalité, il importe de choisir un statut juridique. Aucune structure juridique n’est idéale : l’entrepreneur doit déterminer celle qui correspond le mieux à ses objectifs.

Le premier choix se fait entre :

  • L’entreprise individuelle : solution simple et peu onéreuse adoptée par la plupart des commerces et des activités artisanales.
  • La société : solution plus formelle et plus onéreuse, elle limite la responsabilité du chef d’entreprise quant aux dettes de l’entreprise.

De nombreux critères entrent dans le choix d’un statut juridique. Nous retiendrons les suivants :

  • L’activité : certaines activités sont réglementées et limitent les formes juridiques possibles.
  • La volonté de s’associer ou de rester indépendant.
  • Les frais de constitution et de fonctionnement : la société est plus onéreuse que l’entreprise individuelle.
  • L’étendue de la responsabilité patrimoniale : constituer une société limite la responsabilité du chef d’entreprise.
  • Le régime d’imposition des bénéfices.
  • La recherche de capitaux : la création d’une société peut être indispensable pour permettre aux investisseurs de prendre part au capital.

Une fois le statut juridique déterminé, il faut mettre en place l’organisation des activités. Dans une entreprise individuelle, cette organisation est simplifiée puisque l’entrepreneur, complètement autonome, prend seul les décisions. Cette organisation simplifiée peut également concerner certaines sociétés comme les EURL et les nombreuses entreprises créées sans salarié, soit 87 % d’entre elles.

Cependant, le plus souvent, dans une société, la direction de l’entreprise est confiée à un ou plusieurs gérants nommés parmi les associés ou en dehors d’eux. Le fonctionnement de l’entreprise requiert alors des mécanismes de coordination. L’entrepreneur devra faire des choix organisationnels tels que :

  • L’internalisation ou l’externalisation de certaines tâches, la comptabilité par exemple.
  • Le recrutement ou le licenciement de personnel selon les besoins spécifiques et le volume d’activité attendu ou réel.
  • La définition d’un organigramme, de procédures.
  • Etc.