La presse papier a longtemps dominé les médias. Depuis sa création, elle a joué un rôle majeur dans l’influence de l’opinion publique et est toujours étroitement dépendante du contexte politique, économique et culturel dans lequel elle intervient. Elle s’est beaucoup transformée cette dernière décennie, dans sa composition comme dans son mode d’influence.

De La Gazette de France au Monde.fr

Une publication sous contrôle

La presse se distingue du livre, première forme d’écrit imprimé, par sa périodicité (d’abord hebdomadaire puis quotidienne, mensuelle…). Elle apparait au XVIIe siècle sous forme de gazettes. Son instigateur en France est Theophraste Renaudot, ami de Richelieu et médecin de Louis XIII. Il obtient en 1631, par privilège royal, l’autorisation de publier La Gazette de France, feuille de quatre pages qui délivre une information officielle et étroitement contrôlée. Elle survécut jusqu’a la Première Guerre mondiale. En 1777 parut le premier quotidien, distribué a Paris, Le Journal de Paris. Relatant les fait divers, l’actualité parisienne, notamment culturelle, fut très prisé lors de la Révolution de 1789.

Un essor entre liberté et censure

a) La liberté d’expression

La Révolution française transforme ce paysage médiatique. Selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, « Tout Citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté ». Libres, les journaux se multiplient (218 titres en 1789, 387 titres en 1890) et sont essentiellement des journaux d’opinions politiques, rapportant et commentant les faits. La liberté d’expression n’est réelle qu’entre 1789 et 1792 ; les restrictions et censures, avec autorisations préalables, interdictions de publication, condamnations, voire exécutions de journalistes… , se s’accèderont jusqu’en 1881, selon que l’on perçoit la presse comme un danger pour la démocratie ou comme un contre-pouvoir politique.

b) La presse et la publicité

Cependant, en même temps que se poursuit le combat pour la liberté de la presse, les journaux se démocratisent. Émile de Girardin a, dès 1832, l’idée de financer son journal, Le Journal des connaissances utiles (et, en 1836, La Presse) par la publication d’annonces de marchands. À contre-pied de la presse d’opinion, qu’il accuse d’empêcher de « se former soi-même une opinion éclairée », et sur le modèle anglo-saxon, il propose ainsi des journaux moins chers, plus informatifs : aux nouvelles politiques s’ajoutent l’information économique, les inventions techniques, les faits de société, les questions sociales et le roman feuilleton. Balzac, Gautier, Hugo et Dumas collaborent à la réalisation de ce concept novateur. Mais alors que Girardin souhaitait instruire et faire participer le lectorat au débat politique, d’autres vont poursuivre cette démocratisation en proposant des journaux bas prix avec des rubriques légères, des informations pratiques.

3. La presse au XXe siècle

a) Dans la première moitie du XXe siècle

En 1881, la liberté de la presse est proclamée par la promulgation de la loi du 29 juillet. De nouveaux titres apparaissent, l’Humanité (1905). Les Échos (1905), le Canard enchaîné (1915)… À la veille de la Première Guerre mondiale, la presse française compte plusieurs millions de lecteurs. Cependant, la censure (réinstaurée de 1914 a 1919), le discrédit jeté par des scandales financiers a l’occasion desquels certains titres, au cours des années 1930, sont accusés de vénalité (affaires de Panama, des emprunts russes, de Stavisky…), poussent la presse à renouveler ses pratiques. Dès 1918, le Syndicat National des Journalistes est créé. Les professionnels rédigent une charte imposant le respect d’un code moral et déontologique. Le statut de journaliste sera reconnu par la loi de 1935. Parallèlement, le journalisme d’investigation, inauguré en 1894 avec l’affaire Dreyfus, se développe. Des enquêtes sont menées dans le monde entier par des journalistes reporters comme Albert Londres. De nombreux périodiques apparaissent. Jean Prouvost, propriétaire de Paris Soir, révolutionne le format traditionnel de la presse française en sortant les publicités des dernières pages ou elles étaient alors entassées. Aux articles s’ajoute une iconographie. L’événement n’est plus seulement relaté, il est montré à l’aide de photos en noir et blanc.

b) Dans la seconde moitié du XXe siècle

La presse papier se voit concurrencée par d’autres médias, la radio concurrencée par d’autres médias, la radio puis la télévision et Internet. Ce phénomène transforme le paysage de la presse papier : des magazines spécialisés séduisent un nouveau lectorat, les titres régionaux, par leur information de proximité, résistent à la concurrence, les grands quotidiens nationaux diffusent des supports sur Internet et les titres gratuits, tels que Métro, 20 minutes, inondent le marché.

Une pluralité de supports

Quatre siècles après sa naissance, la presse compte, selon la Direction du Développement des Médias, 4 435 titres. Il existe différentes classifications de ces supports, selon que l’on distingue leur lectorat, leur usage, leur périodicité. Le classement proposé ci-après est celui de l’Institut de Recherches et Études Publicitaires. Pour étudier performance d’un titre, on étudie sa diffusion (le nombre d’exemplaires distribués du même numéro) et son audience (le nombre de lecteurs qui ont lu, Parcouru ou consulté un support de presse). Chaque année, deux grandes enquêtes sont réalisées pour mesurer et analyser le lectorat. Le CESP (Centre d’Étude des Supports
Publicitaires) contrôle la validité des études d’audience réalisées sur le territoire français.

1. La presse quotidienne

Entre 2009 et 2014, la presse grand public a vu ses ventes chuter de 15 %, notamment la Presse Quotidienne Nationale (-19 %). Parallèlement, l’audience globale de la presse augmente grâce à la consultation des sites Internet des journaux.

a) La Presse Quotidienne Nationale ou PQN

La PQN comprend 12 quotidiens nationaux, dont 7 d’informations (Le Figaro créé en 1826, Le Monde – créé en 1944, Libération – crée en 1973, La Croix, France- Soir, Le Parisien/Aujourd’hui, L’Humanité), 2 financiers (Les Échos, La Tribune), 2 sportifs (L’Équipe, Paris-Turf) et 1 international (International Herald Tribune). C’est un média très utilisé pour les publicités financières, l’information média (programmes télé, radio, nouveautés magazines…), les transports, le secteur automobile, le tourisme et les petites annonces. La part des lectures en ligne est de plus en plus importante dans la PQN (65 % pour Le Figaro, 64 % pour Le Monde).

b) La Presse Quotidienne Régionale ou PQR

C’est une presse de proximité et de services. Elle couvre l’actualité d’une région, d’une ville ou d’un département et bénéficie d’une position dominante, parfois même d’un monopole, sur un certain nombre de territoires. Les lecteurs sont souvent des abonnés. En 2016, 67 titres sont proposés. Ils constituent 10 % des titres édités mais 40 % de la diffusion annuelle de la presse. Les grands titres de la PQR sont Ouest France, Le Parisien, Sud Ouest, La Voix du Nord, Le Dauphiné Libéré. C’est le média de la grande distribution, de l’automobile, de la banque, de l’immobilier, pour créer de l’événement, lancer des produits et des offres promotionnelles. Les différentes régies de la PQR ont créé un espace commun de ventes d’espaces, PQR 66, qui permet a un annonceur national de passer un message publicitaire dans les 67 titres simultanément. L’âge moyen de ses lecteurs augmente.

c) La Presse Quotidienne Urbaine Gratuite

Apparus en 2002, ces titres connaissent un grand succès. Ils sont lus quotidiennement par 4,4 millions de personnes. Ils sont entièrement financés par la publicité. Le lectorat est plus jeune, plus féminin et plus actif que celui de la PQ payante. Il y a des titres nationaux, 20 Minutes, CNEWS…., et une multitude de titres régionaux, CNEWS Lyon, 20 Minutes Nantes… Depuis 2012, ces titres gratuits sont confrontés a un recul régulier de leurs recettes publicitaires et peinent à trouver un équilibre financier.

2. La presse magazine

Un magazine est une publication périodique dont la fréquence de parution (hebdomadaire, mensuelle…) varie selon les titres. 97 % des plus de 15 ans lisent un magazine par mois. Les Français lisent 7,3 titres par mois, en moyenne. Les supports se distinguent selon la spécialisation de leur contenu, la segmentation de leur lectorat, leur format, leur concept éditorial. Le lectorat est plus féminin, ce qui explique la profusion des titres destinés aux femmes. On peut classer ces titre de multiples façons ; les grandes familles thématiques sont :

  • Magazines d’actualité (le Point, L’Express…) ;
  • magazines féminins (Elle, Marie-Claire…) ;
  • magazines sportifs ;
  • magazines seniors ou jeunes ;
  • magazines sur les médias (TV, cinéma.. ;
  • presse loisirs et décoration ;
  • presse santé et bien-être.

Les publicitaires utilisent ce support pour le secteur automobile, les parfums, la beauté, la technologie… La publicité est souvent une annonce-presse ou de plus en plus fréquemment du publireportage.

3. La presse professionnelle/technique (B to B)

En France, plus d’un millier de titres de presse sont destinés à un public essentiellement constitué de professionnels. Ce lectorat est souvent abonné, à titre individuel ou par l’intermédiaire de son entreprise. Cette presse permet de toucher un lectorat au profil connu ; très attentif, fidèle et donc performant, impliqué. Elle a ainsi une connotation de sérieux, et fait « autorité »

4. La presse gratuite

En dehors de la Presse Quotidienne Urbaine Gratuite, de nombreux titres existent. Ce sont surtout des journaux d’annonces : 600 titres et près de 35 millions d’exemplaires. Les plus connus sont Top Annonces, Paru Vendu, propriétés de grands groupes tels Comareg ou Spir Communication.

La presse en crise ?

La presse française est en pleine mutation. Depuis 2000, le cycle de la presse payante est en baisse : baisse de recettes de vente (- 2,3 %), baisse du chiffre d’affaires (- 2,6 %), baisse de la diffusion (- 2,14 %). Cependant, tous les secteurs ne sont pas concernés de la même manière. On constate surtout une baisse de la presse payante. Par ailleurs, le lectorat se transforme. Depuis 1973, la part des Français lisant un quotidien payant baisse (passage de 55 % en 1973 a 34 % 2005). Les cadres restent majoritairement les lecteurs de la PQN (32,2 96}, mais ils sont moins nombreux, plus âgés ; 43 % des lecteurs sont ages de 50 ans et plus. Les jeunes de 15 a 24 ans sont des lecteurs peu assidus de la PQN (16,2 % mais sont le lectorat le plus important de la PQ gratuite. En conclusion, ce média reste très puissant il crée notoriété et image.

Face à la crise, plusieurs stratégies sont adoptées ou envisagées : aide de l’État sous forme de subventions au portage, couplages presse-papier et site Internet, développement de politiques de marque face à la concurrence de sites uniquement électroniques. L’audience (papier et Internet) de la presse est en plein essor (plus 219) et cette nouvelle audience privilégie la lecture en ligne. Cependant, les éditeurs de presse ont perdu 42 % de leurs revenus. Cette baisse s’explique par le recul des ventes d’exemplaires papier et celui des recettes publicitaires. Le défi est de trouver un modèle économique adapté aux nouvelles pratiques.