Les objectifs de la politique conjoncturelle concernent la recherche de l’équilibre en matière de croissance, d’emploi, de prix et d’échanges commerciaux. Les instruments utilisés sont la politique budgétaire et la politique monétaire.

Les objectifs de la politique
conjoncturelle

1. Le carré magique de Kaldor

a) L’élaboration du carré magique

Le carré magique de l’économiste britannique N. Kaldor représente graphiquement la situation conjoncturelle idéale d’un pays à un moment donné : un taux de croissance le plus élevé possible, un commerce extérieur excédentaire, une situation proche du plein-emploi, un taux d’inflation le plus faible possible.

b) L’interprétation du carré magique

Le carré de Kaldor est qualifié de magique car il est impossible d’atteindre simultanément les quatre objectifs. L’observation de la surface réelle du quadrilatère d’un pays montre les priorités de sa politique économique. Ainsi, une déformation vers le sud-est caractérise des objectifs de stabilité des prix et d’excédent commercial au détriment de la croissance et du plein-emploi.

2. Les liens entre les objectifs de la politique
conjoncturelle

a) Le dilemme entre inflation et chômage

L’économiste néo-zélandais A. W. Phillips a constaté une relation décroissante entre l’augmentation des salaires et l’augmentation du chômage. Cette relation s’explique par le fait qu’à partir d’un certain niveau de chômage, les salariés sont en position de faiblesse pour obtenir des augmentations de salaires des entreprises.

inflation et chômage

Compte tenu de la relation étroite entre la progression des salaires nominaux et l’inflation, les pouvoirs publics doivent choisir entre la lutte contre le chômage au prix d’une augmentation de l’inflation et la lutte contre l’inflation avec comme conséquence l’augmentation du chômage.

b) La relation entre croissance et emploi

En période de forte croissance, comme pendant les Trente Glorieuses (1945-1975), on observe une corrélation entre la croissance et l’emploi. Plus la croissance du PIB est élevée, plus les créations d’emplois sont importantes. Toute politique en faveur de la croissance aboutit à des créations d’emplois qui elles-mêmes entraînent la distribution de revenus supplémentaires.

3. Le choix d’une politique conjoncturelle

a) La politique de relance

La politique de relance, d’inspiration keynésienne, privilégie les objectifs de stimulation de la croissance et de lutte contre le chômage. Les moyens utilisés pour atteindre ces objectifs sont tout d’abord une politique budgétaire visant à soutenir la demande globale au prix d’un éventuel déficit, mais aussi une politique monétaire expansionniste favorisant l’offre de monnaie.

b) La politique de rigueur

La politique de rigueur privilégie quant à elle la lutte contre l’inflation, l’assainissement financier et la réduction du déficit extérieur. La politique budgétaire recherche l’équilibre et la limitation des dépenses publiques. La politique monétaire se concentre sur la stabilité des prix.

La politique budgétaire

1. La mise en œuvre d’une politique budgétaire

a) Le principe de la politique budgétaire

La politique budgétaire regroupe l’ensemble des mesures qui utilise les dépenses publiques ou les recettes fiscales pour agir sur l’activité économique.

Pour J. M. Keynes, l’intervention de l’État dans l’économie doit compenser les dysfonctionnements du marché. En intervenant sur la demande de consommation par un accroissement des dépenses publiques, l’État favorise la croissance.

b) Le mécanisme de la politique budgétaire

Il s’agit de stimuler une croissance trop faible. L’État peut décider de réduire les impôts, d’augmenter ses dépenses ou les deux. Le mécanisme obéit au principe du multiplicateur keynésien :

  • L’augmentation des revenus des ménages et des entreprises entraîne une demande supplémentaire de biens et services de consommation et de production.
  • Pour faire face aux ventes supplémentaires, les entreprises investissent, ce qui entraîne des créations d’emplois.
  • L’augmentation de l’emploi entraîne un accroissement des revenus distribués aux agents économiques.
  • Ces revenus supplémentaires conduisent à leur tour à un accroissement de la consommation.

2. Les limites de la politique budgétaire

a) La désincitation au travail et à l’épargne

L’économiste A. Laffer considère qu’un taux d’imposition trop élevé incite les ménages et les entreprises à réduire leurs activités de travail au profit des loisirs. Plus la pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales de l’État augmentent, mais au-delà d’un certain seuil elles finissent par diminuer.

Face à l’augmentation des prélèvements obligatoires, les investisseurs renoncent à investir car leurs gains sont en grande partie amputés par l’impôt. L’analyse d’A. Laffer peut être représentée par une courbe
en cloche :

courbe laffer

b) La fuite des capitaux ou expatriation fiscale

La fuite des capitaux consiste pour une personne ou une entreprise à changer légalement de résidence fiscale afin de trouver un pays ou une zone économique offrant une fiscalité relativement plus favorable. Certains de ces pays ou zones sont qualifiés de paradis fiscaux.

L’expatriation fiscale a des conséquences négatives pour les États qui subissent une baisse de recettes fiscales. Elle fait peser un poids plus lourd sur ceux qui n’échappent pas à l’impôt.

c) L’effet d’éviction

Lorsque l’État a recours à l’emprunt pour financer le déficit des finances publiques, il s’adresse au marché des capitaux. Il entre alors en concurrence avec les entreprises privées qui empruntent des capitaux pour financer leurs investissements.

Les entreprises n’obtiennent pas ces prêts du fait du besoin de financement élevé des États : ce phénomène est qualifié d’effet d’éviction.

d) La condition de soutenabilité

Chaque État de la zone euro peut mener une politique budgétaire dans la limite où le déficit et la dette publique restent en dessous des seuils fixés respectivement à 3 % et à 60 % de son PIB.

Pour financer le déficit par l’emprunt, les recettes doivent couvrir les dépenses à long terme. Une succession de déficits alourdit la dette de l’État et provoque un effet « boule de neige » : la charge d’intérêt de la dette augmente le déficit qui accroît l’endettement de l’État, et ainsi de suite.

La politique monétaire

1. Les principes de la politique monétaire

a) La définition de la politique monétaire

La politique monétaire regroupe les mesures qui concernent les conditions du financement de l’économie. Elle est mise en œuvre par la banque centrale du pays.

Dans la zone euro, la politique monétaire est décidée à l’échelle européenne parla Banque centrale européenne. La BCE est totalement indépendante et est entièrement protégée de toute intervention politique. Mais en l’absence d’un gouvernement économique de l’Europe, elle décide d’une seule politique monétaire qui ne correspond pas nécessairement aux besoins de seize pays différents.

b) L’objectif de stabilité des prix

Le principal objectif est la lutte contre l’inflation. La hausse des prix a pour origine une trop grande quantité de monnaie en circulation dans l’économie. La politique monétaire vise donc à contrôler la quantité de liquidité disponible pour les agents économiques en déterminant la norme de progression de la masse monétaire.

2. La mise en œuvre de la politique monétaire

a) Le principe du taux d’intérêt

L’instrument privilégié d’une banque centrale est le taux d’intérêt à court terme. En augmentant ce taux, elle contraint les banques à augmenter les taux de crédit qu’elles accordent à leurs clients. Cette augmentation freine le recours à l’emprunt des ménages et des entre- prises et limite l’inflation, même au prix d’un ralentissement de la croissance économique.

b) L‘open market

Pour agir sur le taux d’intérêt, la banque centrale intervient directement sur le marché monétaire (ou open market) en injectant ou retirant des liquidités pour faire varier le taux d’intérêt et donc freiner ou favoriser le financement de l’activité économique.

c) Le financement des banques

Elle peut également agir sur les taux d’intérêt directeurs des prêts qu’elle accorde aux banques lorsque celles-ci ont un besoin urgent d’argent. Les banques répercutent alors ce coût aux clients qui viennent leur emprunter de l’argent.

La BCE agit enfin en imposant aux banques de constituer des réserves obligatoires pour se prémunir d’une éventuelle crise du crédit.

La politique de l’emploi

La politique de l’emploi a pour objectif de rapprocher l’offre et la demande de travail afin d’atteindre le plein- emploi. Elle comporte un volet quantitatif (exemple : aides à la création d’emplois) pour susciter davantage d’offres d’emploi de la part des entreprises. Elle présente également un volet qualitatif (exemple : soutien à la formation) car le chômage provient en partie du décalage entre les postes proposés et la qualification des demandeurs d’emploi.