L’introduction de la monnaie dans l’analyse du marches fait apparaître deux conceptions : pour les keynésiens, la monnaie à un effet sur les transactions réelles et l’emploi. Pour les monétaristes, la monnaie est neutre.

Le concept de masse monétaire

1. Définition

La masse monétaire est la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Elle représente le volume de monnaie possédé par les agents non financiers résidents d’une zone géographique donnée.

2. Les effets économiques

L’augmentation du volume de la masse monétaire incite les agents à consommer ou à investir. Cette propension peut être facteur de tensions inflationnistes dues à l’excès de la demande :une baisse de la quantité de monnaie en circulation provoque à l’inverse une contraction de l’activité économique. C’est pourquoi la quantité de monnaie émise doit être surveillée par des autorités de contrôle.

La régulation de la monnaie

1. Les institutions chargées de la régulation

Dans le cadre de l’Union européenne, l’Eurosystème est chargé du contrôle de la monnaie en circulation dans l’économie. L’Eurosystème comprend la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales des pays de la zone euro.

La mise en œuvre des décisions de l’Eurosystème est décentralisée au niveau des banques centrales nationales.

2. Les trois agrégats de monnaie

La masse monétaire se mesure à l’aide d’agrégats. Ils sont classés selon leur degré de liquidité, c’est-à-dire la capacité qu’ils ont d’être transformés plus ou moins rapidement en moyens de paiement.

L’agrégat M1

Il s’agit de la monnaie au sens strict : pièces, billets et monnaie scripturale.

b) L‘agrégat M2

Il comprend M1 et les placements à vue liquides (possibilité de retraits immédiats par l’épargne…) mais non utilisables directement comme moyens de paiement : livrets, comptes d’épargne logement, etc.

c) L‘agrégat M3

Il inclut M2 et les actifs facilement mobilisables : par exemple, des titres de créance à court terme, négociables, c’est-à-dire revendables rapidement sur le marché monétaire. M3 est l’agrégat choisi par la BCE pour la régulation de la politique monétaire.

masse monétaire

Le contrôle de la masse monétaire

1. La théorie quantitative de la monnaie

Une équation essentielle régit la monnaie en circulation dans l’économie : MV = PT.

M représente la masse monétaire ; v est la vitesse avec laquelle la monnaie change de main ; P est le niveau général des prix ; T est le volume des transactions réelles réalisées.

2. La variation en quantité de la masse monétaire

La politique des banques centrales varie en fonction des effets attribués aux variations de la masse monétaire : effet sur les prix ou effet sur les transactions, c’est-à-dire la sphère réelle de l’économie.

a) L’interpretation monétariste

Pour les économistes monétaristes, une augmentation de la masse monétaire M provoque une hausse du niveau général des prix mais ne modifie pas la sphère réelle en particulier. Il est vain d’attendre d’une politique de création monétaire la reprise d’une activité économique en récession.

Le seul effet d’une politique « généreuse » est d’accentuer les tensions inflationnistes car l’excès de demande fait grimper les prix. Quant aux effets sur le marché du travail, ils sont nuls puisque le pouvoir d’achat n’augmente pas : la hausse des salaires est annulée par la hausse des prix.

La monnaie est neutre vis-à-vis de la sphère réelle de l’économie. Elle n’est qu’un « voile » qui ne modifie pas les mécanismes des marchés.

b) L’interprétation keynésienne

Pour les économistes keynésiens, qui ne nient pas une possible (mais limitée) hausse des prix, l’augmentation de la masse monétaire a surtout pour effet de permettre une relance en cas de croissance molle, voire de récession (baisse de la production nationale). L’excédent de monnaie distribué permet :

  • Une augmentation des revenus qui favorise les achats de biens de consommation (principe du multiplicateur keynésien).
  • Une incitation à investir pour les entreprises, l’activité économique repartant (principe de l’accélérateur keynésien).

Les économistes de cette tendance prônent de plus grandes facilités de crédit (baisse du taux d’intérêt) et des augmentations des revenus.

c) Le choix des politiques monétaires

Tout dépend donc du lien de causalité admis dans l’équation Mv = PT.

Si on considère qu’une variation de M cause surtout une hausse des prix en laissant l’activité inchangée, la politique monétaire des banques centrales doit être stricte : contrôle du crédit, taux d’intérêt élevé.

Si on considère, à l’inverse, qu’un peu d’inflation n’est pas grave si elle est contrôlée, la politique monétaire va consister à baisser le taux d’intérêt directeur et à faciliter l’octroi de crédit par les banques.

La décision de faciliter ou de restreindre l’émission de monnaie est, en dernier ressort, de la compétence de la banque centrale ou du système de banques centrales.