L’innovation est au cœur du processus de création de valeur. Elle est essentielle pour optimiser les ressources de l’entreprise.

Les enjeux de la politique d’innovation

1. Les caractéristiques de la politique d’innovation

La politique d’innovation consiste à mobiliser l’ensemble des ressources techniques (recherche et développement) et humaines (management des compétences) afin d’introduire efficacement sur le marché de nouveaux produits (biens ou services) ou de nouveaux procédés.

a) L’environnement

Pour réussir, la politique d’innovation a besoin d’un environnement interne ouvert sur la nouveauté, d’une recherche fondamentale dynamique et d’infrastructures performantes.

b) La distinction entre invention et innovation

L’invention est une réponse technique nouvelle apportée à une situation nouvelle ou à un problème rencontré. Elle nécessite une protection assurée par les brevets. L’innovation est un processus par lequel une invention va se transformer en produit, en service ou en procédé et engendrer une création supplémentaire de valeur.

c) La typologie des innovations

J. A. Schumpeter a identifié cinq types d’innovations :

J. A. Schumpeter a identifié cinq types d'innovations

2. Les enjeux économiques

L’innovation est le premier moyen permettant à l’entreprise de conserver son avantage concurrentiel.

Dans un environnement fortement concurrentiel, l’innovation permet de produire en plus grande quantité et de réduire les coûts de production. Les marges supplémentaires ainsi réalisées financent la R&D.

Dans un environnement moins concurrentiel, l’entreprise dégage des marges supplémentaires en augmentant plus librement ses prix, ce qui contribue également au financement de la R&D.

Lorsque l’entreprise est spécialisée, l’innovation permet de créer un effet de volume en réalisant des économies d’échelle. En effet, les innovations accélèrent l’effet d’expérience. L’avantage ainsi créé permet à l’entreprise de conserver en permanence une technologie d’avance.

Exemple : l’Oréal a construit son avantage en s’appuyant sur une recherche et développement performante qui lui permet d’avoir une innovation d’avance sur ses concurrents.

Lorsque l’entreprise pratique la différenciation, l’innovation est le moyen d’apporter la réponse attendue par le client.

Exemple : Seb invente la friteuse sans huile’ ce qui lui permet de renforcer sa position dans le petit électroménager. C’est une innovation produit.

3. Les enjeux sociétaux

Les parties prenantes exercent sur les entreprises des pressions croissantes afin qu’elles adoptent une démarche de responsabilité sociale (RSE) :

  • Les clients réclament des produits écologiquement sains avec un bon rapport qualité/prix.
  • Les pouvoirs publics introduisent des règles contraignantes (exemples : taxe carbone, malus écologique et autres réglementations issues de la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement).
  • Les ONG développent des stratégies de confrontation (exemple : Greenpeace) ou de collaboration.

L’innovation constitue la réponse aux attentes légitimes de ces partenaires tout en contribuant à la réduction des coûts de production. Elle permet également de passer d’une démarche de RSE subie à une démarche volontaire.

Exemple : Lafarge développe des bétons répondant aux attentes décoratives des clients tout en consommant moins d’énergie lors de leur fabrication.

Les modalités de l’innovation

1. La veille technologique

a) Définition

La veille technologique est l’activité constituée par l’ensemble des techniques permettant la collecte, l’analyse, la diffusion et l’exploitation des informations indispensables à l’entreprise pour affronter ses concurrents et développer ses compétences métiers. Elle se situe en amont du processus d’innovation.

b) Les objectifs

La veille technologique cherche d’abord à comprendre l’émergence des produits futurs et leurs fonctions.

Exemple : les fabricants de téléphones mobiles ont dû anticiper les besoins des consommateurs dans le domaine du multimédia et adapter leurs produits en conséquence.

Elle permet ensuit d’identifier les innovations des concurrents et leur potentiel, en collaboration avec les services de veille concurrentielle. La veille technologique alimente les décideurs stratégiques en identifiant les entreprises qui conduisent des stratégies proches. Enfin elle évalue les techniques nouvelles et leur rythme d’évolution.

c) Les sources d’information

L’efficacité de la veille technologique repose sur la capacité de l’entreprise à collecter des informations. Ces informations peuvent être librement accessibles : quotidiens, magazines professionnels, conférences, salons, foires, banques de données sur internet, etc.

Les informations peuvent également être fermées et provenir des clients, des fournisseurs, des sous-traitants, de visites chez les concurrents ou d’achats de produits et d’échantillons.

Il existe aussi une forme illégale de veille : l’espionnage industriel.

2. La recherche et développement (R&D)

La recherche et développement est l’ensemble des processus permettant de transformer une invention en une innovation techniquement et commercialement exploitable.

Dans l’entreprise, elle s’appuie sur l’ensemble des recherches réalisées à différents niveaux :

  1. La recherche fondamentale s’efforce de faire avancer la connaissance scientifique. Elle est réalisée par des chercheurs, le plus souvent au sein d’organismes publics (CNRS. INSERM. INRA…) ;
  2. La recherche appliquée permet de transformer les résultats de la recherche fondamentale en applications.

Exemple : la technologie du laser est issue de la recherche fondamentale sur l’amplification de la lumière. Elle donne naissance a de multiples innovations dans les domaines médical, musical, etc.

Dès que la R&D a inventé un produit ou une technique nouvelle, il faut protéger l’invention afin de préserver l’avantage concurrentiel qui doit potentiellement en découler. Il faut également limiter les risques de contrefaçon. C’est la fonction du dépôt de brevet et d’une façon plus globale de la protection industrielle.

3. La qualité

La démarche qualité se définit comme un processus qui permet à l’entreprise de répondre aux attentes du client (rapport qualité/prix) en produisant le bien ou le service à un coût économiquement acceptable.

La qualité prend différentes dimensions :

  • Les caractéristiques intrinsèques du produit : on dit qu’un produit est de bonne qualité quand ses composants sont eux-mêmes de qualité.
  • La satisfaction des attentes du client : un produit de qualité répond à ses préoccupations du moment.
  • Le respect de normes définies en interne ou en externe : un produit certifié ISO répond à des normes strictes.

a) Le contrôle a posteriori

À l’origine, la démarche qualité est née du besoin croissant de garantir aux clients un produit répondant à ses attentes en réduisant les effets dévastateurs de la non-qualité (perte de clients, surcoût lié au gaspillage, détérioration de l’image). Cette première démarche reposait le plus souvent sur un contrôle a posteriori de la qualité.

b) L’intégration en amont de la production

Progressivement, la démarche qualité a associé d’autres acteurs en amont : services chargés de la conception des produits en liaison avec les services commerciaux chargés de la relation clients. C’est la période du règne des « cinq zéros » : zéro défaut, zéro stock, zéro panne, zéro papier, zéro délai.

Cette démarche a connu un nouvel essor dans les années 1970 avec le développement des cercles de qualité. Elle permet de faire travailler ensemble des salariés qui ne se seraient jamais rencontrés autrement et de préparer ainsi les nouvelles organisations de la production (exemple : équipes polyvalentes).

c) La certification

Enfin, la démarche qualité est sortie de l’entreprise, toujours sous la pression des exigences du client et d’un besoin de « certitude » accrue sur le produit offert. Des normes internationales se sont développées (exemple :
normes ISO) et des organismes sont chargés de les mettre en œuvre dans les entreprises (exemple : AFNOR). Ils auditent le fonctionnement de l’entreprise, mettent en place des procédures de travail et délivrent finalement la certification.

d) La qualité totale

Aujourd’hui, on parle de TQM (Total Quality Management) pour qualifier l’ensemble des procédures de qualité qui intègrent également le management.

4. Les partenariats technologiques

L’entreprise peut construire sa propre recherche et développement et en assurer la protection. Mais ce processus est long et incertain. C’est la raison pour laquelle elle opte parfois pour des partenariats avec d’autres organisations.

Au niveau de la recherche fondamentale, l’entreprise peut collaborer avec un centre de recherche.

Exemple : dans le domaine médical, laboratoires publics et entreprises pharmaceutiques collaborent fréquemment pour développer des médicaments.

Deux entreprises peuvent également décider de collaborer pour permettre une innovation. Elles vont alors créer une coentreprise. Les exemples sont nombreux dans le domaine des technologies de la communication.