La politique de redistribution est un facteur de progrès économique et social. Comme elle n’arrive pas à réduire efficacement les inégalités, ses modalités de financement et de fonctionnement sont de plus en plus contestées.

Les avantages de la redistribution

1. Les progrès sociaux

a) L’accès à l’éducation

L’objectif du système éducatif est fondé sur l’égalité des chances. Le caractère obligatoire de la scolarité jusqu’à 16 ans et la gratuité pour les familles doivent contribuer à réduire les inégalités issues de l’origine sociale des enfants. Elle doit aussi favoriser l’accès du plus grand nombre à de meilleures conditions de vie dans le futur. L’Éducation nationale est financée par l’impôt. Comme chaque individu bénéficie des dépenses d’éducation pour lui-même ou pour ses enfants à un moment donné, le système est redistributif.

b) La santé publique

En France, les progrès en matière de santé publique reposent sur le système de l’assurance maladie qui permet à chacun un égal accès aux soins quelle que soit sa contribution au financement de la Sécurité sociale. La redistribution est dite horizontale car elle se réalise entre les personnes malades et les bien portants.

c) La lutte contre la pauvreté

Elle occupe une place de plus en plus importante dans la politique de redistribution. Elle englobe le versement d’un ensemble de prestations sociales au bénéfice des ménages dont les conditions d’existence ou le niveau de revenu sont insuffisants.

La pauvreté est réduite de moitié après le versement des prestations sociales.

2. Le soutien à la croissance

a) La consommation des ménages

Pour J. M. Keynes, la consommation des ménages est l’une des deux composantes de la demande (la seconde étant l’investissement). Les transferts de revenus en faveur des ménages aux revenus les plus modestes permettent d’augmenter leur consommation. La hausse de la demande agit alors comme soutien à la croissance.

b) L‘intervention de l’État pour soutenir la croissance

L’État utilise le déficit budgétaire pour relancer l’économie. Les rentrés fiscales qui résulteront de la reprise de la croissance doivent permettre de résorber le déficit.

c) La croissance endogène

La croissance endogène, définie par P. Romer, est générée par les innovations liées au progrès technique. Pour atteindre un niveau de croissance élevé, et donc réducteur de pauvreté, un pays doit s’appuyer sur un système d’éducation efficace. Celui-ci améliore l’efficacité des technologies de l’innovation et des investissements, très dépendants d’un capital humain qualifié.

Le rôle de l’État est d’encourager la recherche et de promouvoir la formation à un haut niveau pour stimuler la croissance. Pour que le progrès technique bénéficie au plus grand nombre, il est nécessaire d’assurer le financement de la recherche fondamentale par les pouvoirs publics.
Chacun peut alors utiliser librement ses résultats.

Les limites de la politique de redistribution

1. Le poids des prélèvements obligatoires

a) La courbe de Laffer

Économiste libéral, A. Laffer considère qu’un taux d’imposition trop élevé incite les entreprises et les ménages à réduire leur activité et leur travail au profit des loisirs. Il démontre que les recettes fiscales de l’État augmentent avec la pression fiscale mais seulement jusqu’à un certain seuil, au-delà duquel elles diminuent.

b) La fuite des capitaux

La fuite des capitaux se traduit par le changement légal de résidence fiscale pour une personne ou une entreprise afin de trouver un pays offrant une fiscalité relativement plus favorable. Certains de ces pays ou zones sont qualifiés de paradis fiscaux.

c) La compétitivité des entreprises

Le niveau de prélèvements obligatoires d’un pays se traduit par des coûts supplémentaires pour les entreprises par rapport à celles des pays moins-disants sur la fiscalité et la protection sociale. Cela explique en partie le manque de compétitivité, notamment par rapport aux entreprises des pays émergents.

2. Les systèmes de protection sociale
en question

a) Le déficit de la Sécurité sociale

Le financement du déficit de la Sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille et accidents du travail) est assuré par l’État qui est obligé de réduire les remboursements de l’assurance-maladie et de faire appel aux mutuelles et aux assurances privées.

b) La réforme du système de retraite

Le système de retraite français est fondé sur la répartition : les cotisations versées par les actifs sont utilisées pour payer les pensions des retraités actuels. Ce système, qui repose sur la solidarité entre les générations, a du mal à maintenir son équilibre financier. L’évolution du rapport entre le nombre de cotisants et de retraités est de plus en plus défavorable au maintien du système actuel.

3. L’ouverture des services publics
à la concurrence

Elle correspond à un mouvement de libéralisation, sous l’impulsion de l’UE, depuis 1990. L’objectif recherché est une diminution du prix des services, et un fonctionnement au niveau européen et non plus national. Néanmoins, les missions de service public doivent être remplies et conserver un caractère redistributif.