La justification classique du commerce international réside dans l’intérêt mutuel qu’ont les nations à se spécialiser.

Cette théorie n’explique pas les échanges de biens semblables ; d’autres explications doivent être apportées pour caractériser la nature des flux mondiaux contemporains.

Les fondements classiques du libre-échange

1. La loi des avantages absolus

Dès la fin du XVIII siècle, A. Smith explique l’échange entre pays par les différences de coût de production. Un pays importe un produit si la production de celui-ci est plus coûteuse que son importation. Chaque pays a alors intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles ses coûts de production sont inférieurs à ceux des autres pays.

Le commerce international doit permettre à chaque pays de s’enrichir en profitant de la division internationale du travail.

2. La loi des avantages relatifs

Au XIX siècle, D. Ricardo enrichit l’idée d’A. Smith en introduisant dans l’analyse les coûts relatifs. Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles son avantage est relativement le plus grand ou pour lesquelles son désavantage est relativement le moins grand.

3. La loi des proportions de facteurs

Des économistes contemporains, E. Hecksher, B. Ohlin et P. Samuelson, ont enrichi la théorie sous le nom de « théorème HDS » : la justification de l’échange tient dans l’abondance relative du facteur capital ou du facteur travail. Cette abondance est à l’origine de l’avantage comparatif.

Un pays va produire et exporter des biens incorporant de façon intensive les facteurs de production abondants sur son territoire et importer les produits qui nécessitent le recours à des facteurs de production relativement rares dans le pays.

Les États-Unis sont riches en facteur travail qualifié : ils produisent et exportent principalement des biens à haute intensité de travail qualifié (des nouvelles technologies). À l’opposé, des pays qui disposent d’une main-d’œuvre moins qualifiée abondante ont intérêt à se spécialiser dans le textile ou le cuir.

4. Les gains dynamiques de l’échange

La spécialisation est elle-même facteur de productivité car elle induit un effet d’apprentissage et une amélioration des techniques. La spécialisation génère des gains ultérieurs d’efficacité économique, appelés « gains dynamiques de l’échange« .

Les nouvelles explications du commerce international

1. Les échanges de similitudes ou commerce intrabranche

La théorie classique de la spécialisation n’explique pas pourquoi il existe des échanges de similitudes. L’échange de similitudes, ou commerce intrabranche, désigne les échanges de biens similaires qui appartiennent à la même branche industrielle.

Exemple : la France produit et exporte des automobiles. Elle importe aussi des modèles de marques étrangères.

P. Krugman fut un des premiers auteurs à préconiser l’introduction dans l’analyse économique internationale d’éléments des stratégies industrielles. Ainsi, les entreprises apportent des différents à leurs produits pour qu’ils ne ressemblent pas à un produit concurrent.

2. Les économies d’échelle

Le phénomène des économies d’échelle est un autre concept d’origine industrielle. En termes de coûts, plus une entreprise produit en grande quantité, plus le coût moyen unitaire diminue.

Exemple : un bien produit en grande série est moins cher qu’un bien fabriqué de manière artisanale.

Appliquée au commerce international, cette théorie explique pourquoi les entreprises recherchent des débouchés sur les marchés extérieurs. Elle indique qu’un grand pays dispose, en raison de la taille de son marché initial, d’un avantage comparatif plus important, par rapport à un petit pays au marché intérieur limité.

3. Les facteurs technologiques

Quand les coûts de transaction (coûts de transport, de communication) sont prohibitifs, les échanges sont restreints. En permettant de réduire les coûts de transaction, le progrès technique est un facilitateur du commerce mondial. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en particulier, facilitent grandement le commerce mondial.

Exemple : la vente directe sur internet (e-commerce) réduit les frais en limitant la rémunération des intermédiaires.

4. La théorie du cycle de vie

En fonction de leur degré de développement, seuls certains pays ont la capacité technologique de réaliser certaines innovations. Le produit innovant est donc d’abord fabriqué, puis exporté par les pays les plus avancés. Quand le produit est largement diffusé, il est ensuite fabriqué par les pays moins avancés qui n’ont pas à engager de recherche et bénéficient d’une production standardisée.