La communication peut se faire par différents sons attachés ou non au langage.

Typologie

On distingue les bruits ou sons, la musique et les sons articulés. Ces derniers sont constitutifs des langues et de la communication verbale.

Les bruits sont des sons produits sans intention ou jugés sans signification par celui qui les perçoit. La signification des bruits est la plupart du temps purement indicielle (qui relève de l’indice) mais peut dans certains cas avoir une valeur symbolique en se chargeant de connotations.

Exemple : le chant des oiseaux pour un homme est un bruit.

La musique

La musique est l’art de combiner des sons de manière à produire une impression esthétique.

1. Un signifié figuratif

La musique n’est que très rarement considérée comme figurative. Elle peut pourtant avoir un signifié figuratif dans le cas d’une musique imitative ou d’une musique dite « à programme » parce qu’accompagnée d’un titre ou d’un texte expliquant son intention. Encore cette conception est-elle très contestée : la signification d’une telle musique nous serait plus suggérée par le texte qui l’accompagne que par ses qualités propres.

Exemple : musiques imitatives : le « Duo des chats » de Rossini ou l’orage dans « L’été »de Vivaldi.

Un signifié plastique

Comme l’image, la musique a un signifié plastique lié au choix des instruments, au rythme et à la mélodie.

Exemple : dans Pierre et le Loup, Prokoviev associe un animal à un instrument : la virtuosité de l’oiseau est rendue par la clarinette, les cors soulignent l’aspect inquiétant du loup, les cuivres et percussions représentent la marche triomphale des chasseurs.

3. Un signifié symbolique

La musique a également un signifié symbolique fort : elle s’accorde très facilement aux sentiments et peut signifier, voire susciter, la joie, la mélancolie, l’angoisse… Dans certaines séquences filmiques, c’est souvent elle seule qui indique, alors que les images sont neutres, qu’un drame est sur le point d’arriver.

Exemple : dans les films à suspense, une scène de la vie courante dramatisée par une musique dissonante.

Certains rythmes ou sonorités évoquent à eux seuls des ambiances ou des pays. De même, à la musique sont souvent attachées de fortes connotations sur lesquelles jouent les publicités télévisées et radiophoniques.

La musicalité de la langue

La langue est une production sonore dont la signification ne repose pas seulement sur la définition des mots ni sur leur combinaison, mais aussi sur sa qualité sonore, particulièrement travaillée dans la poésie, ainsi que dans les slogans publicitaires dont elle favorise la mémorisation. Cette qualité sonore dépend de la sonorité des mots employés, de l’intonation, du débit et du rythme.

1. Les sonorités

La signification de la sonorité des mots est liée à deux phénomènes : l’analogie et l’articulation.

a) Les significations analogiques

On choisit certains sons, notamment en poésie, pour leur force (l’évocation ou de ressemblance. On parle alors d’harmonie imitative.

Il existe par ailleurs des mots composés de phonèmes censés imiter des bruits naturels : les onomatopées.

Exemple : Miaou, tut tut, ding.

b) Les significations liées à l’articulation

Des études statistiques basées sur la fréquence d’emploi des mots dans plusieurs langues montrent qu’à certaines voyelles sont associées (les significations liées aux gestes faits pour les prononcer : 93 % des mots français exprimant la petitesse contiennent des voyelles antérieures (prononcées en avant de la bouche et nécessitant une petite ouverture : petit, menu, puce…) alors que 84 % des mots exprimant la grandeur (grand, vaste, océan…) contiennent des voyelles postérieures (prononcées en arrière de la bouche, ce qui nécessite une grande ouverture). Les interjections obéissent à cette règle : « hi » est produit par le même geste d’écartement des lèvres que le rire alors que « beurk » simule le vomissement.

2. L’intonation

a) L’accentuation

En français, l’accent tonique est contraint par la syntaxe et n’a de ce fait pas de signification particulière. Il est néanmoins au cœur du dispositif rythmique de la langue (cf. plus loin).

Il existe en revanche un accent d’insistance, affectif ou intellectuel, permettant de renforcer l’expression.

Exemple : accent d’insistance affectif : « Gééénial ! » « SSSuper ! » et accent d’insistance intellectuel : « J’ai dit que c’était une erreur, pas une horreur ».

b) La courbe mélodique

Une même phrase peut avoir diverses significations dénotées en fonction de sa courbe mélodique.

L’intonation peut également entraîner des connotations :un phonéticien hongrois, Eugène Fônagy, a ainsi relevé que la joie s’exprime sur un registre élevé, à l’inverse de la tristesse, et que la plainte s’exprime par l’alternance régulière d’une montée suivie d’une redescente au même niveau.

3. Le débit

a) La rapidité

Le débit est une caractéristique importante du langage oral. Un débit lent convient pour un discours solennel ou mélancolique, un débit rapide pour un discours exprimant la joie ou le dynamisme. S’il n’est pas approprié au sens du discours, le débit connote l’état émotif de l’orateur : stressé, gai, s’il est rapide, déprimé, peu sûr, s’il est lent.

b) Les pauses

La parole est entrecoupée de silences plus ou moins long : les pauses. Sans eux, le discours devient incompréhensible car ses phrases s’entrechoquent. Trop nombreux, ils trahissent la difficulté de l’orateur à formuler son discours.

4. Le rythme

Le rythme est donné par le retour d’un même phénomène à intervalles réguliers. En français, le rythme peut être obtenu par trois procédés : la combinaison de l’accent tonique et des pauses, la rime et la segmentation syntaxique.

a) L’accent tonique

L’accent tonique français accroît l’intensité, la hauteur, et/ou la durée de la dernière syllabe prononcée (non muette) d’un mot. Le vers, en créant des pauses supplémentaires comme celle marquée à l’écrit par le retour à la ligne ou la césure à l’hémistiche des alexandrins, permet de faire revenir ces accents à un endroit déterminé par le compte des syllabes.

b) La segmentation

Ce même genre de phénomène peut être obtenu en prose par l’utilisation de pauses marquées par les virgules, les points-virgules et les points qui vont séparer des groupes syntaxiques de longueur (comptée en nombre d’accents toniques) variable. On peut ainsi obtenir des effets de rythme : égal, inégal, croissant (cadence majeure) ou décroissant (cadence mineure). Ce rythme peut se combiner au nombre d’éléments composant la phrase. En français, on relève souvent un rythme binaire connotant une forme d’équilibre et un rythme ternaire connotant l’amplification.

Exemple : « Le soir approchait (1), je descendais des cimes de l’ile (2) et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac sur la grève dans quelque asile caché (3) ». Cette phrase de Rousseau adopte un rythme ternaire et une cadence majeure qui annonce l’exaltation des sentiments que Rousseau couvrait lors de ses méditations.

c) La rime

La rime, en créant un phénomène de retour du même son à intervalle régulier participe également du rythme.